Cultiver des tomates

Cette solanacée annuelle, à tiges sarmenteuses retombantes, et que les botanistes appellent Lycopesicum esculentum, nous vient comme sa proche parente la pomme de terre de l’Amérique méridionale; son berceau serait le Pérou : de fait elle y existe encore sous la forme sauvage.
On la cultive pour ses fruits charnus, très aqueux et un peu acides, dénués d’ailleurs de toute valeur nutritive, qui se consomment crus, en salade, ou cuits — soit sous forme de sauce accompagnant un plat de viande, de pâtes ou de légumes, –soit farcis au gras ou au maigre.
La tomate exige une grande quantité de chaleur pour arriver à maturité, aussi – presque partout en France est-il nécessaire de l’abriter sous châssis pendant son premier âge. D’autre part, elle aime beaucoup l’eau et il faut lui assurer la fraîcheur, si l’on veut qu’elle produise bien.
Comme terrain, un sol meuble, léger, humifère et riche est celui qu’elle apprécie le plus.

La tomate «joue » avec la plus grande facilité, aussi les variétés en sont-elles nombreuses. Je retiendrai seulement les suivantes que je range par ordre de précocité décroissante: la naine hâtive, la reine des précoces, la belle de Bruyères, la perfection, la merveille des marchés, et le Mikado, Chacun choisira selon ses préférences; mais, en principe, il est pratique, si l’on fait un peu de tomate, d’adopter au moins deux races, l’une à développement très rapide et l’autre plus lente à produire : on prendra, par exemple, la première et la dernière de celles que je viens de citer. Autrement on choisirait une variété à aptitudes moyennes

Ensemencement et soins

En culture ordinaire, le semis se fait sur couche! chaude, sous châssis, dans la seconde quinzaine de mars ou dans la première d’avril; à trois feuilles on repique à 10 x 10 cm sur couche tiède ou sous châssis froid, en terre bien travaillée; parfois ce qui est excellent et accroît la fertilité des pieds, o n fait un deuxième repiquage. On plante à demeure fin-mai ou début-juin. Le plus souvent, c’est à ce stade que la culture de la tomate commence pour l’amateur. Celui-ci achète en effet, des plants prêts à mettre en place.
Qu’il en soit ainsi ou qu’ils aient été obtenus au jardin même, les pieds doivent être profondément piqués dans le sol – et d’autant plus qu’ils sont plus grêles. Au mieux, on les y enfonce obliquement jusqu’aux premières feuilles, c’est-à-dire d’environ 20 cm en général. Quand on n’élève qu’une quantité restreinte de tomates, cette plantation définitive se fait presque toujours en bordure, dans nos régions, sur la meilleure côtière.
En même temps, on fiche dans le sol un échalas ou tout autre tuteur (parfois – lorsque l’on veut conduire sur trois ou quatre bras ou en cordon – ces piquets sont réunis par des lattes de bois ou des fils de fer qui servent de support pour palisser les branches
En dehors de la taille, opération sur laquelle je reviendrai dans un instant, la tomate réclame je le répète, des arrosages répétés. Quand les fruits commencent à s’éclaircir, on ôtera les feuilles qui les masquent et empêcheraient le soleil de les mûrir.

Taille

La tomate doit être soumise à une taille appropriée au climat et à la variété; cette opération a pour but, en réduisant la hauteur des pieds et le nombre des rameaux, de substituer à la production tardive de fruits multiples, mais petits et mûrissant mal, une fructification limitée mais régulière, rapide et arrivant à maturité (et moins sujette d’ailleurs aux maladies). La taille sera, évidemment, d’autant plus sévère, en principe, que le climat est moins chaud et la variété plus tardive et plus productive.

La règle générale à respecter est de ne jamais sectionner la plante en un endroit lignifié : les yeux donneraient alors des rameaux minces et sans vigueur mais, au contraire, de la couper à l’ongle sur la partie herbacée des pousses : les branches ainsi obtenues seront d’une bonne grosseur et fortes.

On conduit le plus souvent la tomate sur une tige pour obtenir des fruits très tôt avec une variété précoce, ou sur deux bras quand il s’agit sorte demi-tardive ou très puissante (taille Hardy).
On peut encore, après suppression de la première inflorescence, choisir trois ou quatre branches latérales auxquelles on laisse, par la suite, 2 ou 3 bouquets de fleurs seulement.

Après chaque pincement, il se développe des branches latérales; l’une d’elles, qui pousse immédiatement au-dessous de la plus haute inflorescence conservée, donnera le prolongement et doit être respectée, évidemment. Les autres sont à supprimer, la tomate ne devant conserver que la tige ou les bras qui portent directement les grappes de fruits. Chacune des tailles donne lieu à une génération de produits : sous nos climats, la quatrième série de tomates ne viendra pour ainsi dire jamais à maturité; aussi, après le troisième pincement, sied-il de faire sauter également le bourgeon anticipé qui la produirait.
Dans nos régions la récolte commence avec août. Pour la consommation, elle se fait à maturité complète; on cueille les tomates comme les poires : en les tirant à pleine main en même temps qu’on tord le pédoncule.
Le rendement est de 2 à 3 kilos de fruits par pied en moyenne; il s’élève jusqu’à 5 ou 6 kilos pour la tomate Mikado écarlate conduite sur deux ou plusieurs branches.